40. JE SAIS, DIEU, QUE CE QUE JE FAIS (trad) Ich weiss, mein Gott, dass all mein Tun Vie chrétienne, Travail, Pain quotidie, Dim. Esto mihi

VIE CHRÉTIENNE                                    N° 40
TRAVAIL
PAIN QUOTIDIEN
Dimanche ESTO MIHI

                  JE SAIS, DIEU, QUE CE QUE JE FAIS
      Ich weiss, mein Gott, dass all mein Tun, Pr 1653/56)

Um Glück und Segen zu allem christlichen Tun und Vorhaben –
           Pour la réussite et la bénédiction sur toute action
                    et projet chrétien (E 1666/67)

                                Jérémie 10/23

                 Mélodie: In dich hab ich gehoffet, Herr

                                                     V 8. 8. 8f / 8. 7f

.

 A.  le verset de Jérémie 10/23

1. Je sais, Dieu que ce que je fais

    N’est juste que si tu t’y plais

    Selon ta loi de grâce.

    Ce qui dure et s’appuie sur toi,

    Tu veux que je le fasse !

Jérémie

10/23 a

   ICH-

   MOI

ch weiss, mein Gott, dass all mein Tun

Und Werk in deinem Willen ruhn,

Von dir kommt Glück und Segen;

Was du regierst, das geht und steht

Auf rechten, guten Wegen.

2. Aucun humain n’a le pouvoir

    De mettre en œuvre son savoir,

    D’agir et d’entreprendre.

    De Dieu vient l’aide et le conseil :

    Il lui faudra l’apprendre.

Jérémie

10/23 b

    ER-

   LUI

Es steht in keines Menschen Macht,

Dass sein Rat werd ins Werk gebracht

Und seines Gangs sich freue;

Des Höchsten Rat, der machts allein,

Dass Menschenrat gedeihe.

B.  l’homme a peu de sagesse

3.  Souvent l’homme en son cœur se voit

    Bien inspiré de ce qu’il croit

    Et qui n’est que futile.

    Souvent aussi il croit mauvais

    Ce que Dieu sait utile.

Oft denkt der Mensch in seinem Mut,

Dies oder jenes sei ihm gut,

Und ist doch weit gefehlet;

Oft sieht er auch für schädlich an,

Was doch Gott selbst erwählet.

4. C’est ainsi qu’un tel entreprend

    Une œuvre bonne assurément,

    Mais n’atteint pas sa cible.

    Il se construit maison, château,

    Mais bâtit sur le sable.

                         *

So fängt auch mancher weise Mann

Ein gutes Werk zwar fröhlich an

Und bringts doch nicht zum Stande;

Er baut ein Schloss und festes Haus,

Doch nur auf lauterm Sande.

                         *

5. Un autre s’imagine aussi

    Franchir monts et vaux en esprit,

    Pourtant bientôt déchante :

    Tout n’est que rêve et que fumée

    Qui s’enfuient dès qu’il vente.

Wie mancher ist in seinem Sinn

Fast über Berg und Spitzen hin,

Und eh er sich’s versiehet,

So liegt er da und hat sein Fuss

Vergeblich sich bemühet.

6. C’est pourquoi, Père dans le ciel,

    Toi qui tiens un sceptre éternel

    Et lances seul la foudre,

    Entends ma voix, exauce-moi,

    Et veuille me répondre.

DER-

   DU

Drum, lieber Vater, der du Kron

Und Zepter trägst in deinem Thron

Und aus den Wolken blitzest,

Vernimm mein Wort und höre mich

Vom Stuhle, da du sitzest.

C.  avec Dieu seul tout réussit

7. Accorde-moi le noble éclat

    Qui de ta face luit sur moi

    Et sur tous tes fidèles,

    Et vient répandre sur leur foi

    Ta lumière éternelle.

Impératif

Verleihe mir das edle Licht,

Das sich von deinem Angesicht

In fromme Seelen strecket

Und da der rechten Weisheit Kraft

Durch deine Kraft erwecket.

8. Donne-moi cet entendement

    De savoir qu’à aucun moment

    Ce que je fais ne compte,

    Si ce que je veux et je dis

    En toi, Dieu, ne se fonde !

                         *

Gib mir Verstand aus deiner Höh,

Auf dass ich ja nicht ruf und steh

Auf meinem eignen Willen;

Sei du mein Freund und treuer Rat,

Was recht ist, zu erfüllen.

                         *

9. Eprouve tout ! Ce qui est beau,

    Fais-le grandir ! Ce qui est faux,

    Fais-le mourir ! Ta gloire

    Est, ô Dieu, la meilleure part :

    Donne-moi la victoire !

Prüf alles wohl, und was mir gut,

Das gib mir ein; Was Fleisch und Blut

Erwählet, das verwehre;

Der Höchste Zweck, das beste Teil

Sei deine Lieb und Ehre. 

10. Ce qui te plaît me plaît aussi,

      Je veux le répéter ici :

      Tu es ma vie, ma gloire !

      Tu veux ce qui est juste et droit,

      Et j’en ferai mémoire !

                         *

DU-

    TU

Was dir gefällt, das lass auch mir,

O meiner Seelen Sonn und Zier,

Gefallen und belieben;

Was dir zuwider, lass mich nicht

Im Werk und Tat verüben.

                         *

11. Ce qui de toi vient réussit,  

      Ce qui n’en est pas dépérit

      Et sombre dans le vide,

      Car l’œuvre commencée sans toi

      Voit une mort rapide !

Ists Werk von dir, so hilf zu Glück;

Ists Menschentum, so treibs zurück

Und ändre meine Sinnen;

Was du nicht wirkst, pflegt von ihm selbst

In kurzem zu zerrinnen.

D.  l’épreuve et la souffrance

12. Et si le Diable, l’Ennemi,

      Veut se venger sur tes amis,

      Seigneur, viens à leur aide

      Et romps la force du malin :

      Qu’il lâche prise et cède !

                         *

Sollt aber dein und unser Feind

An dem, was dein Herz gut gemeint,

Beginnen sich zu rächen:

Ist das mein Trost, dass seinen Zorn

Du leichtlich könnest brechen. 

                         *

13. Viens près de moi et rends léger

      Ce qui trop lourd m’est à porter ;

      Amène à l’échéance

      Ce que toi-même as débuté

      Dans ta sagesse immense !

Impératif

Tritt du zu mir und mache leicht

Was mir sonst fast unmöglich deucht,

Und bring zum guten Ende

Was du selbst angefangen hast,

Durch Weisheit deiner Hände.

14. Si difficile est le début,

      S’il faut payer un lourd tribut

      Au mal, à la souffrance,

      Assiste-moi, écoute-moi,

      Seigneur, prends ma défense !

                         *

Ist ja der Anfang etwas schwer,

Und muss ich auch ins tiefe Meer

Der bittern Sorgen treten,

So treib mich nur ohn Unterlass

Zu seufzen und zu beten.

                         *

15. Qui prie et se confie en toi

      Pourra combattre dans la foi

      L’orage et le tonnerre !

      Le roc qui faisait son souci

      Retombe en la poussière !

ER-

   LUI  =

 le fidèle

Wer fleissig betet und dir traut,

Wird alles, da ihm sonst vor graut,

Mit tapferm Mut bezwingen;

Sein Sorgenstein wird er in Eil

In tausend Stücke springen.

16. Le bien est un chemin très dur,

      Couvert d’épines, très peu sûr,

      Mais si quelqu’un l’emprunte,

      Il parvient par ton bon Esprit

      Jusqu’à la cité sainte !

                         *

Der Weg zum Guten ist fast wild,

Mit Dorn und Hecken ausgefüllt,

Doch wer ihn freudig gehet,

Kommt endlich, Herr, durch deinen Geist,

Wo Freud und Wonne stehet.

                         *

17. Mon Père, je suis ton enfant :

      Ce qui me manque, assurément,

      Auprès de toi se trouve.

      Fais que je fasse mon devoir

      Et que ton cœur m’approuve !

DU-

    TU

Du bist mein Vater, ich dein Kind,

Was ich bei mir nicht hab und find,

Hast du zu aller Gnüge,

So hilf nur, dass ich meinen Stand

Wohl halt und herrlich siege.

 D.  doxologie

18. A toi la gloire et tout honneur !

      Je veux que ton œuvre, ô Seigneur,

      Durant ma vie entière,

      Devant ton peuple et les nations,

      Eclate sur la terre !

Psaume 35/18

Psaume

66/16

Dein soll sein aller Ruhm und Ehr,

Ich will dein Tun je mehr und mehr

Aus hocherfreuten Seelen

Vor deinem Volk und aller Welt,

So lang ich leb, erzählen.

Texte :

Ich weiss, mein Gott, dass all mein Tun
Paul Gerhardt 1653/1656
RA 382, EKG 384, EG 497
CrSi 180/58
fr. : Yves Kéler 28.7.2007

Mélodie :  

In dich hab ich gehoffet, Herr, Ps 31
Bohème 15 e S., Zurich 1552
RA 442, EKG 179, EG 275 1

Le texte

Ce chant est un commentaire de Jérémie 10/23 : « Je le sais, ô Eternel ! La vie de l’homme n’est pas en son pouvoir. Ce n’est pas à l’homme, quand il marche, à diriger ses pas. »

Dans les deux premières strophes, Paul Gerhardt suit le texte de Luther, et nous y retrouvons le vocabulaire de ce dernier :

Luther : « Ich weiss, Herr, dass des Menschen Tun nicht in seiner Gewalt steht, » 
               und es liegt in niemandes Macht, wie er wandle oder seinen Gang richte. »

Gerhardt : « Ich weiss, mein   Gott, dass all mein Tun Und Werk in deinem Willen ruhn,
                  Es steht in keines Menschen Macht, dass sein Rat … seines Gangs. »

Dans la traduction, j’ai essayé de rendre à la fois la citation de Jérémie et l’application personnelle qu’en fait Gerhardt. Les mots de Jérémie sont en italique gras.

le texte de Jérémie

Les paroles de Jérémie font partie d’un groupe d’au moins 4 fragments d’oracles, qui va des versets 17 à 25, et qu’on a rassemblés dans cette section : 1 : v.17-19 ; 2 : v.20-22 ; 3 : v. 23 ; 4 : v. 24-25. Le 2e fragment est introduit par un ajout d’un rédacteur.

Le 4e de ces oracles, 10/24-25, parle de la fureur de Dieu et du châtiment sur le peuple, puis sur les nations : « Châtie-moi, ô Eternel, mais avec équité, Et non dans ta colère, de peur que tu ne m’anéantisses. Répands ta fureur sur les nations qui ne te connaissent pas,… car elles ravagent ta demeure . » Cette parole, demandant à Dieu de rester modéré dans son châtiment, est introduite par le verset 23, dont la remarque que « l’homme ne sait pas ce qu’il fait » est typique du judaïsme post-exilique : Dieu ne peut pas châtier l’homme aussi durement qu’il le mérite, vu que celui-ci est inconscient de sa vraie faiblesse et de la gravité de son péché. Dieu doit lui accorder des « circonstances atténuantes » et le châtier avec retenue. Cette retenue est appelée par les théologiens le « kathékon », du participe grec neutre « kathékon – ce qu’on retient. »

Gerhardt ne reprend pas la thèse de Dieu qui châtie l’homme, telle qu’elle s’exprime à partir du verset 24, ce à quoi on s’attendrait puisqu’il développe fréquemment, dans d’autres cantiques, le « quem Deus amat, illum castigat » de Proverbes 3/12. Ici, il évoque simplement la faiblesse et la fragilité de l’homme, et la bonté gracieuse de Dieu : Gerhardt reste dans le cadre du verset 23. Ce verset dégage un grand calme au milieu des trois autres oracles mouvementés.

le plan du chant

Le plan du chant est en cinq parties :

A. 2 str. : str. 1 – 2 :     le verset de Jérémie : l’homme ne peut se diriger seul
B. 4 str. : str. 3 – 6 :     1er développement  : l’homme a peu de sagesse
C. 5 str. : str. 7 – 11 :   2e développement   : avec Dieu tout réussit : prière
D. 6 str. : str. 12 – 17 : 3e développement   : l’épreuve et la souffrance
E. 1 str. : str. 18 :         glorification finale

Les deux développements B et C sont dans la ligne du verset 23. Le développement D est consacré à la douleur et à l’épreuve, thème étranger au verset 23, mais présent dans son environnement des versets 17 à 25. Gerhardt est peut-être parti de ce climat pour aller dans cette direction de la souffrance.

La glorification du verset final 18 est basée sur les versets de 3 Psaumes, le Ps. 22/23, 26, le Ps. 35/18 et le Ps. 66/16. Le Psaume 35/18 dit : « Ich will dir danken in grosser Gemeinde, unter vielem Volk will ich dich rühmen – Je te louerai dans la grande assemblée, je te célébreai au milieu d’un peuple nombreux. » Le Psaume 66/16 dit : « Ich will erzählen, was Gott an meiner Seelen getan – Je veux raconter ce que Dieu a fait à mon âme. » Les mots « Ruhm – gloire ; Tun – action ; Seele – âme ; Volk – peuple ; erzählen – raconter » se retrouvent dans la strophe 18 du chant de Gerhardt.

Cette glorification finale rappelle le Gloria final des Psaumes. Le verset 23 de Jérémie en 2 strophes fait fonction de Psaume, la strophe 18 lui répond. Entre ces deux parenthèses s’intercalent les 3 développements B, C et D.


La mélodie

Le verset de Jérémie fait écho au Psaume 31, les verset 16 et 17. « Meine Zeit steht in deinen Händen, Lass leuchten dein Antlitz über deinen Knecht – Mes destinées sont entre tes mains… Fais luire ta face sur ton serviteur. » Là aussi, Gerhardt ne se préoccupe pas des autres versets du contexte : « Délivre-moi de mes ennemis et de mes persécuteurs. »

Or la mélodie que Gerhardt a choisie pour son chant est précisément celle du Psaume 31, selon une forme du XVe Siècle venue de Bohème et imprimée à Zurich en 1552. Le Psaume 31, par Adam Reissner, qui fut un savant de Strasbourg puis de Francfort, édité en 1533, fut placé sur cette mélodie, et eut un grand succès. Le Psaume 31 est le Psaume d’Esto mihi, le dimanche avant le Carême. Il a un aspect de Psaume pénitentiel, comme son voisin le Ps 32, le 2e Psaume pénitentiel, avec lequel il fait la paire. Mais Gerhardt a retenu surtout le côté joyeux de la mélodie, et développe, sur ce fond de conscience de son humilité, la joie du salut et de l’œuvre bonne que Dieu, par sa grâce, produit en nous.